samedi, 29 avril 2023 17:38

Yssingeaux : le ciné-débat autour de L'Etabli nourrit la réflexion d'aujourd'hui

Le réalisateur Mathias Gokalp, le président de Cinéma m'était conté Yves Béal|| Le réalisateur Mathias Gokalp, le président de Cinéma m'était conté Yves Béal|| ||

La soirée rencontre initiée par l'association Cinéma...m'était conté, en partenariat avec le Ciné Grenette d'Yssingeaux, autour de "L'Etabli" de Mathias Gokalp a trouvé son public.

Le réalisateur Mathias Gokalp était présent. A l'issue de la séance, un dialogue nourri s'est engagé avec la salle, au sein de laquelle des représentants de syndicats salariés, la CGT Haute-Loire, la CFDT (des Michelin de Clermont)... ou encore du syndicat patronal le Medef avaient été conviés par Cinéma m'était conté, l'association qui pimente la programmation yssingelaise d'animations.

Infiltration bourgeoise à l'usine

Ce film, attachant, efficace, poignant souvent, évoque un sujet original, peu documenté, celui des « établis ». Ces étudiants, intellectuels, maoïstes, communistes, s'établissaient dès 1967 dans les usines ou les docks. Ils se faisaient embaucher pour une immersion dans un monde ouvrier qui ne leur était pas familier, avec pour objectif de prendre part aux luttes sociales, de les aiguillonner aussi.


Une heureuse distribution

Le comédien Swann Arlaud y incarne un professeur de philo de faculté devenu ouvrier après Mai 68. Olivier Gourmet campe un prêtre-ouvrier de la CGT, le rusé patron est joué par Denis Podalydès (un Podalydès tellement impérial lors d'une scène que les figurants l'ont spontanément applaudi, obligeant à recommencer la prise). Et une kyrielle d'autres excellents comédiens, connus, professionnels ou non, complète l'heureuse distribution.

D'après le livre de Robert Linhart

Le film de Mathias Gokalp est l'adaptation de l'illustre roman éponyme de Robert Linhart paru en 1978. Militant communiste, le jeune homme se fait engager chez Citroën de la Porte de Choisy à Paris. Il y décrit les méthodes employées par ses supérieurs, la lobotomisation des salariés, le racisme et la grève.

Ce tableau d'époque d'une infiltration bourgeoise à l'usine, sur fond de lutte des classes, a demandé quatre ans d'écriture, un an de recherche de financements, six mois de préparation, un mois et demi de tournage, un an de post-production...


17 CV d'époque

Il a été tourné dans l'usine Michelin de Cataroux à Clermont-Ferrand. Une chaîne de production de 2CV a été habilement reconstituée grâce à 17 deudeuches, parmi lesquelles six ont été démontées pour alimenter la chaîne. Entre 30 et 150 figurants étaient mobilisés durant "un tournage dur, sous tension", dans cette période marquée par le Covid et ses contraintes de port du masque FFP2, de tests à l'entrée, d'empêchements des temps de convivialité, soupapes habituelles d'après tournage..., racontait Mathias Gokalp.

A la ligne...

Lisez donc "L'Établi" de Robert Linhart, un texte aux belles qualités littéraire pour un point de vue assez radical sur le monde du travail. Lisez aussi "A la ligne Feuillets d'usine" de Joseph Pontus, cité au fil des échanges. Il s'agit de l'histoire d'un ouvrier intérimaire qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps.

Dernière modification le samedi, 29 avril 2023 18:42

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