Les bénévoles des Voies ferrées du Velay, qui font vivre le chemin de fer historique entre Raucoules et Saint-Agrève, via Tence et Le Chambon-sur-Lignon, ont réceptionné jeudi matin deux trésors en gare de Tence : une locomotive à vapeur de 1895 et un wagon salon de 1902, ainsi qu'un wagon de marchandises.
Ils sont arrivés par la route en convoi exceptionnel avant de retrouver leur ancrage sur les rails après plusieurs décennies dans un musée de Pithiviers (Loiret). Jeudi matin, une locomotive à vapeur et une voiture-salon sont venus enrichir le patrimoine des Voies ferrées du Velay. Mercredi, des bénévoles sont allés participer au chargement de ces trésors dans le Loiret.
La locomotive à vapeur, 122 ans d'âge, est en tous points identique à celles qui ont inauguré les premières lignes des Chemins de Fer Départementaux en Haute-Loire à la fin du XIXe siècle. Celles-ci ont circulé en particulier sur la ligne Yssingeaux - Lavoûte-sur-Loire, mais aussi entre Raucoules et Saint-Agrève.
La locomotive
La locomotive qui est arrivée à Tence a été construite en 1895 par la Société des Anciens Etablissements Cail de Paris. C’est une machine-tender de type 130T, le stock de charbon est transporté à bord de la machine et pas dans un wagon-tender accroché derrière la locomotive. Elle pèse 23,5 tonnes à vide.
Livrée à l’été 1895 aux Chemins de Fer Départementaux des Charentes, la locomotive est affectée au dépôt de Saint-Jean-d’Angély sous le numéro 77. Elle y effectue une carrière sans histoire jusqu’à la fermeture du réseau en 1951.
Revendue à une usine de produits chimiques de Melles (Deux-Sèvres), elle est utilisée comme machine de manoeuvre jusqu’en 1958 avant d’être garée définitivement. Elle est repérée quelques années plus tard par la Fédération des Amis des Chemins de fer Secondaires (F.A.C.S.), qui décide d’acquérir la machine en vue de sa sauvegarde. Elle est transférée en 1966 au Musée des Transports de Pithiviers (Loiret) où elle va être exposée de façon statique durant 51 ans, bichonnée par les animateurs du chemin de fer touristique Pithiviers-Toury.
Ceux-ci sont également à l’origine de son classement en 1993 à l’inventaire des Monuments Historiques.
La voiture-salon
Construite en 1902 pour l’ouverture des lignes de Corrèze de la Compagnie des Chemins de Fer de Paris à Orléans, cette petite voiture à 2 essieux présente une disposition étonnante : un compartiment de 16 places assises en troisième classe - un salon de première classe avec une table centrale et deux banquettes capitonnées de 3 places une terrasse panoramique équipée de 4 sièges.
Egalement achetée par la F.A.C.S. dans les années 60 et restaurée par les ateliers SNCF de Tulle juste avant son départ de Corrèze, elle a passé les 50 dernières années au Musée des Transports de Pithiviers. Comme la locomotive, la voiture-salon est classée à l’inventaire des Monuments Historiques.
L'avenir des deux véhicules
Vu la délicatesse de son aménagement intérieur, la petite-voiture salon ne sera utilisée sur la ligne du Velay-Express que pour des circulations spéciales ou des voyages VIP. Elle ne nécessite aucun travaux, l’équipe du musée de Pithiviers ayant pris grand soin d’elle depuis sa restauration des années 60.
Quant à la locomotive Cail N°77, l’objectif de l’équipe des Voies ferrées du Velay est de remettre la machine en service pour la faire circuler sur la ligne Raucoules/Saint-Agrève.
Dès l’automne 2017, les réservoirs d’eau et les tôles d’habillage seront démontées pour mettre la chaudière à nu en vue de son inspection aux ultrasons. L’état d'usure du métal définira l’importance des travaux à entreprendre et la durée prévisionnelle du chantier de restauration. Une fois restaurée, la Cail N°77 sera l’une des plus vieilles locomotives de France en état de marche.
Au-delà de la locomotive, l’équipe du Velay-Express étudie la possibilité de reconstruire une rame complète de 1895, avec deux ou trois voitures type « cages à poules » telles qu’elles existaient à l’époque : des voiture en bois tôlées garnies d’une multitude de portières donnant chacune accès à un compartiment séparé.
Trois châssis d’origine ont été conservés à cette fin par le chemin de fer historique…
Dans ces conditions, difficile pour les bénévoles passionnés de ne pas rêver à un convoi historique totalement conforme aux trains qui circulaient en Haute-Loire à la fin du XIXe siècle.
Le déchargement du convoi exceptionnel