Du 17 au 23 novembre, des animations autour de la réduction des déchets ont été proposées par Haut-Pays-du-Velay communauté en collaboration avec le SICTOM Monts et Vallées, l’Armée du Salut et le Pays de la Jeune Loire. Le programme était riche et varié : des projections de films-documentaires, des ateliers sur le compostage dans chaque commune, une collecte d’objets à domicile, une visite du site Altriom et une table ronde pour clôturer la semaine.
Des coûts qui augmentent malgré un tri qui prend de l’ampleur. C’est le paradoxe relevé par nombre de citoyens : « On fait des efforts pour trier et la taxe d’enlèvement des ordures ménagères ne fait qu’augmenter ! ».
Les statistiques montrent que depuis 2015 la quantité des déchets collectés (ordures ménagères + tri en éco-points) est stable. La bonne nouvelle est que la part des déchets triés augmente chaque année un peu plus réduisant ainsi les ordures ménagères dans la même proportion.
Les coûts augmentent, car traiter les déchets coûte de plus en plus cher : on n’enfouit aujourd’hui que les déchets dits ultimes, ceux qui restent après toute sorte de tris. Les tonnages enfouis sont taxés depuis 1999 via la TGAP (Taxe Générale sur les Activités Polluantes). Elle est passée de 25€/tonne en 2019 et sera de 65€/tonne en 2025.
Sans le tri les coûts seraient bien plus élevés
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : si les déchets collectés n’avaient pas diminué et le tri augmenté ces dix dernières années, la taxe d’enlèvement des ordures ménagères serait presque 3 fois plus élevée qu’aujourd’hui. Mais pour avoir le même niveau de taxe d’enlèvement des ordures ménagères qu’il y a dix ans, il faudrait encore réduire d’un bon tiers la quantité de déchets produits. Il y a donc encore du travail pour chacun d’entre-nous pour mieux trier et réduire la quantité de nos déchets.
Encore et toujours mieux trier
Les responsables du SICTOM sont clairs, on ne trie pas assez, ni assez bien. Lorsqu’on suit les camions dans leur collecte des ordures ménagères, il n’est pas rare d’entendre des bruits de bouteilles. Et si on prend la peine de regarder le contenu on voit encore beaucoup de déchets qui auraient dû se retrouver dans des colonnes de tri. Pourtant depuis fin 2023, les plastiques souillés sont à mettre dans les colonnes de tri. Et depuis le 1er janvier 2024 les déchets compostables ne sont plus à mettre dans les poubelles mais dans des composteurs individuels ou collectifs.
Trier mieux c’est aussi faire attention à bien séparer les différents éléments d’un même emballage : typiquement le pot de yaourt dont l’opercule doit être séparé du pot. Eviter à tout prix de remplir un pot de yaourt d’un film plastique. Il faut que les deux déchets soient libres l’un de l’autre pour permettre le tri dans l’usine de traitement. Sinon ça repart dans les déchets ultimes avec une facturation supplémentaire (concerne 10 à 20% des volumes triés).
Favoriser le réemploi
Nombre d’objets peuvent avoir une deuxième vie avant d’être considéré comme un déchet. Oui mais à condition de le mettre au bon endroit. Il existe plusieurs possibilités dans notre territoire avec les déchèteries qui pour certaines prévoient des espaces pour réemploi des objets et du matériel. Des associations comme le Sourire d’Houda (à Montfaucon), AVI 43 pour les textiles (à Yssingeaux) ou l’Armée du Salut (Chambon-sur-Lignon) accueillent ce genre d’objets. L’Armée du Salut propose même des collectes à domicile. Une première opération de collecte organisée dans chaque commune a été menée la semaine dernière et a permis de récolter de nombreux objets dans 41 foyers répartis sur les 8 communes de la communauté de communes.
Aller plus loin et viser la réduction des déchets
Pour contenir les coûts liés aux déchets, chacun d’entre-nous va devoir se poser des questions sur les produits qu’il achète. L’offre des produits aujourd’hui permet aux consommateurs de choisir ceux qui engendrent moins de déchets ou des déchets plus faciles à trier/traiter. En moyenne, les emballages représentent 15% du coût d’achat des produits sans compter les coûts de collecte et d’élimination des déchets associés. Par exemple on trouve des produits alternatifs aux liquides en bidon (produits d’entretien, gel douche, shampoing) sous forme de pastilles déshydratées ou solides (savons et shampoing) qui sur une année permettent de réduire les déchets. Acheter un produit dont l’emballage est recyclable nous engage à effectivement le mettre dans la bonne colonne de tri . Enfin, l’achat en vrac (produits secs) est aussi une excellente piste d’amélioration. Cela peut permettre de réutiliser ses sacs en papier ou bocaux en verre sur une longue durée.
Un enjeu collectif majeur
La visite du site de traitement des déchets Altriom permet de comprendre l’énormité des volumes à traiter ainsi que la complexité des processus pour obtenir un minimum de déchets ultimes enfouis. Pour s’en faire une idée, le reportage « Déchets » (disponible gratuitement sur youtube) visible sur internet permet de voir les difficultés de la collecte ainsi que celles du traitement. Alors que les coûts de traitement des déchets explosent, tous collectivement, nous pourrions agir et se fixer l’objectif de mieux acheter, mieux trier et réduire nos déchets. Et si on se fixait comme objectif collectif de réduire nos déchets de 10% en 2025 ? On ne peut qu’y gagner non ?
Table ronde « Un autre regard sur les déchets »
Bernard Souvignet, intervenait en tant que président du Sictom Monts et Vallées depuis 2024. Il a souligné la nécessité de mieux trier pour réduire les coûts. Il a annoncé également l’agrandissement et l’amélioration de la déchèterie de Dunières. Il a expliqué la complexité de la collecte des différents déchets dans une organisation dont les moyens sont contraints.
Franck Baralon, responsable de la recyclerie de l’Armée du Salut du Chambon-sur-Lignon. Il a expliqué que son centre traitait 380 tonnes d’objets collectés et triés chaque année par son atelier chantier d’insertion de 25 personnes. Sur ce total de 380 tonnes, 270 tonnes sont recyclées et 89 tonnes partent à la vente dans leur magasin solidaire, le reste se retrouve en déchetterie. C’est la première fois qu’une collecte était organisée à l’échelon des communes. L’expérience a été fructueuse, plus de 40 lieux ont été collectés. Cette expérience sera renouvelée.
Stéphane Madelmont, président d’Evenplast, Alprod entreprises spécialisées dans la production et la distribution d’emballages. Il a expliqué comment son entreprise s’adapte aux contraintes pesant sur les déchets plastiques qu’elles viennent des réglementations ou des exigences de ses clients. Il agit sur 4 axes :
La diversification vers des produits papier (40% de la production d’Alprod actuellement) mais pour de nombreux usages le plastique reste une matière pertinente (sacs poubelles, usages médicaux)
L’augmentation de la recyclabilité des emballages plastiques produits en privilégiant les plastiques simples (sans mélanges de différents plastiques rendant le recyclage plus difficile)
Le recours à des matières issues du recyclage du plastique lorsque c’est possible (emballages non alimentaires)
Une attention particulière portée au recyclage des déchets issus des process de production et utilisation d’encres sans solvants.