jeudi, 02 mars 2023 22:34

Le musée Crozatier acquiert une statue exceptionnelle de la Vierge en majesté

Crédit Agglo Le Puy-en-Velay|Crédit Agglo Le Puy-en-Velay|Crédit Agglo Le Puy-en-Velay|| Crédit Agglo Le Puy-en-Velay|Crédit Agglo Le Puy-en-Velay|Crédit Agglo Le Puy-en-Velay|| ||||

Une exceptionnelle Vierge en majesté auvergnate du XIIe siècle vient de rejoindre la collection du musée Crozatier au Puy-en-Velay.

Chaque objet qui entre dans la collection d’un musée de France doit au préalable recevoir l’avis d’une commission d’experts. Il faut savoir qu’une œuvre, en intégrant le patrimoine de l’Agglomération du Puy-en-Velay, avec affectation au musée Crozatier, devient inaliénable, incessible et imprescriptible c’est-à-dire qu’il restera à tout jamais dans cette collection. Accueillir un objet est donc une décision importante qui engage la collectivité. C’est pourquoi l’équipe de conservation veille à expliquer chacun de ses choix en suivant une politique d’acquisition concertée. Ceci est valable pour les achats mais aussi pour les dons et les legs.

L’acquisition d’une exceptionnelle Vierge en majesté dite Sedes Sapientiae

Cette Vierge en majesté dite Sedes Sapientiae, d'une hauteur de 87 cm, date de la fin du XIIe siècle. La sculpture en noyer pourrait provenir d’Arlet. Elle faisait partie d'une ancienne collection Louis-Pierre Bresset, au château de La Rochelambert à Saint-Paulien.

Description

Cette Vierge à l’Enfant dite Sedes Sapientiae a été réalisée au XIIe dans l’aire auvergnate, peut-être en Haute-Loire. Elle est sculptée en ronde-bosse dans du noyer. Un tissu est marouflé sur le bois (sauf sur les visages et les mains) ; l’ensemble est peint.

La Vierge est assise sur un banc-trône à arcades supportées par cinq colonnes. Elle est vêtue d’une longue tunique au réseau de plis superposés et étagés de manière régulière sur la poitrine ainsi que sur les bras. Elle est coiffée d’un voile couvrant sa chevelure dont quelques mèches apparaissent sur les tempes ; un long pectoral descend tout le long de sa poitrine orné de turquoises non polies qui proviennent très probablement d’Iran. Le Christ est assis sur les genoux de sa mère, retenu par les deux mains de Marie.

Le dos de la statue présente une niche pour recueillir une relique.

Cet objet a été très peu restauré ce qui est fondamental pour son authenticité. Les dommages (absence d’une partie des pieds de la Vierge et des mains de l’Enfant) sont logiques pour une pièce de cette époque.

Historique

Les majestés sont des statues représentant la Vierge assise sur un trône servant elle-même de trône à son Fils en qui s’incarne la sagesse de Dieu. Cette iconographie est l’une des plus anciennes représentations de la Mère de Dieu dont faisait partie la Vierge noire du Puy.

Cette typologie de Vierge en majesté rassemble les mêmes caractéristiques iconographiques : des figures à l’aspect frontal et hiératique ; un trône à arcades ; une longue tunique et un manteau aux manches évasées pour la Vierge.

Cette œuvre appartient à la collection de Louis-Pierre Bresset (1902-1988) depuis au moins 1949. Elle figure dans deux expositions organisées à Marseille en 1949 et 1952 au musée Cantini. Louis-Pierre Bresset (1902-1988) est un antiquaire originaire de Marseille qui a acquis le château de La Rochelambert à Saint-Paulien en 1939. Il y organise en 1953 une exposition sur l’art du Moyen âge à partir de ses propres collections. Le fascicule fait état d’une statue : « Vierge à L’Enfant. Bois polychromé. Auvergne XIe – XIIe siècle. H. : 0,86. Ancienne église d’Arlet (?). »

Cette œuvre est restée dans la descendance de L-P Bresset depuis cette date.

La sculpture médiévale en bois, une richesse de la Haute-Loire

Par ailleurs, une des richesses du département de la Haute-Loire est la sculpture médiévale en bois, représentée sous l’iconographie du Christ de Crucifixion (Lavoûte-Chilhac, Auzon, Arlet…) et de la Vierge en majesté (Notre Dame de Saugues, Notre Dame d’Estours, Notre Dame des Chazes…). Cependant, le musée ne conserve aucune œuvre de ce type dont l’origine locale soit attestée. Cette œuvre vient donc renforcer de manière notable la collection du musée. Pour l’instant, la probable origine de l’église d’Arlet n’a pas été corroborée par les textes ou les archives.

Le musée Crozatier a obtenu l’autorisation du ministère de la Culture de bénéficier du droit de préemption pour cet achat. Cela permet de se substituer au dernier enchérisseur, donc de ne pas participer aux enchères et d’obtenir le bien à son réel prix marchand.

Dernière modification le jeudi, 02 mars 2023 22:50

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