jeudi, 11 mars 2021 16:04

Jean-Paul Rogues : quand un pêcheur se livre...

Jean-Paul Rogues|Le val d'Allier aux méandres de La Taillide Crédit Luc Olivier|| Jean-Paul Rogues|Le val d'Allier aux méandres de La Taillide Crédit Luc Olivier|| |||

Sous le titre "La Taillide Un pêcheur en Haute-Loire", paru aux éditions Hauteur d'Homme, Jean-Paul Rogues distille ses souvenirs de pêche mâtinés d'une leçon de vie nimbée de nostalgie.

Voici le livre d'un amoureux irréductible de la nature qui tombe à pic dans cette période d'ouverture de la pêche à la truite, fixée cette année au samedi 13 mars. Le lecteur y percevra un écho intime de sa propre pratique halieutique s'il est de ceux qui arpentent les rivières à l'aube canne à la main. Soumis aux contraintes du couvre-feu, il pourra troquer avec profit la canne pour l'ouvrage de Jean-Paul Rogues, heureuse manière de combler sa soirée confinée s'étirant plus que de raison dans cette étrange période covidée.


Pour ceux qui aiment la pêche et ceux qui ne l'aiment pas

Tandis que le non-pêcheur trouvera de la même façon, faisons-en le pari, un indicible plaisir à parcourir d'un trait, ou en le picorant, ce texte attachant. Car l'auteur n'occulte pas l'insoutenable question pour le commun des mortels, pacifiste face à la faune sauvage, de la prédation : "Pourquoi priver de vie une truite à la robe d'une grande beauté...? Pourquoi la tuer et la déposer sur une fougère ou un bouquet de menthe pour que son éclat ne soit pas terni?"


La pêche en partage

La nature est au cœur du livre de Jean-Paul Rogues, magnifique, puissante, sauvage, martyrisée aussi, témoignant de l'empreinte délétère de l'activité humaine déraisonnable, l'écrivain invitant in fine à nouer "un pacte de probité, de loyauté avec les rivières." Elle nourrit les récits d'apprentissage de la pêche en eaux vives, de sa pratique effrénée durant des lustres, du plaisir partagé ou vécu en solo, qui jalonnent les 120 pages de "La Taillide Un pêcheur en Haute-Loire".


Le lien à la nature

Mais surtout, cette nature, le lien qui unit l'espèce humaine à la nature, devient matière à nourrir le fil des réflexions d'un intellectuel aux racines rurales, abordant une étape de son existence où le corps ne se plie plus aux escapades d'une pêche dite sportive, et renvoyant ainsi le lecteur à ce temps qui passe, s'emballe, se délite. Et cela même pour un pêcheur qui "remonte" généralement la rivière.


Allier, Loire, Gazeille...  Saut de la jument borgne

Jean-Paul Rogues, né au Puy-en-Velay, devenu maître de conférence, spécialiste de la littérature contemporaine à l'université de Caen, est toujours revenu à la source pour assouvir sa passion. « Tout ce temps passé au bord des rivières, alors qu’il m’aurait fallu travailler, ce n’était pas sérieux ! Mais j’étais littéralement versé dans les vallées. Ma passion de la pêche commence par un long récitatif : la Loire, l’Allier, la Gazeille, le Malaval, l’Orcival, la Dorette, le Groumessomme et le ruisseau de la Mine et celui du Saut de la jument borgne… Rien de médiocre n’y fut jamais offert, et ce monde est encore là, et nous avons la chance de le voir, de ne pas être des intrus » assure-t-il dès les premières lignes.


Truite, champignons, ski

Ce goût pour la traque du poisson sauvage, il le tient de son père, Paul, résidant aujourd'hui dans une maison de retraite ponote, ayant travaillé à la préfecture, puis au conseil général. "C'est avec lui que j'ai pris, à 7 ans, dans l'Ance, en Lozère, ma première truite. Mon père est né à Saint-Bonnet-le-Froid où mes grands parents étaient instituteurs avant d'exercer à Bessamorel. Mes parents avaient acheté une ferme à Arsac-en-Velay. La nature était omniprésente dans nos loisirs. Le triptyque, pêche, champignons, puis ski l'hiver aux Estables, formait notre quotidien."


Infos pratiques

Le livre "La Taillide Un pêcheur en Haute-Loire", publié grâce à Luc Olivier aux éditions Hauteur d'Homme de Vals-près-Le-Puy, est vendu au prix de 17 euros. Il est fort joliment imprimé à Yssingeaux par l'Imprimerie coopérative des Sucs. Il bénéficie d'une préface de Pierre Présumey. Sa couverture est relevée d'une chouette aquarelle du peintre Jean-Pierre Petit.

Dernière modification le jeudi, 11 mars 2021 19:25

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