lundi, 20 août 2018 16:03

Le Chambon-sur-Lignon : une expo croisée du couple de peintres Paul Régny et Andrée Le Coultre

Marc Régny présente des toiles de ses parents décédés.|| Marc Régny présente des toiles de ses parents décédés.|| Photo La Commère 43||

Une puissante exposition croisée des toiles de Paul Régny et Andrée Le Coultre est actuellement visible au Chambon-sur-Lignon.

Marc Régny présente un florilège d'œuvres de ses parents, Paul Régny et Andrée Le Coultre, un couple d'artistes à la belle notoriété ayant vécu à Lyon. Andrée est décédée en 1986 et Paul plus récemment en 2013. Leur fils a fait une donation de 18 œuvres au Musée des Beaux-Arts lyonnais l'an dernier.

Pour coller au plus près à l'identité du Plateau Vivarais-Lignon, Marc Régny a sélectionné des toiles qui font écho à l'histoire du territoire. On appréciera notamment accrochées sur les murs de la cage d'escalier, des peintures ayant une dimension chrétienne, spirituelle, évidente, ou encore d'autres, dans la salle à l'étage, faisant référence aux enfants d'Izieu.

Pour en savoir davantage sur le parcours et les univers créatifs de ces deux artistes, il suffit de jeter un œil sur les textes présentés ci-dessous écrits par Marc Régny. Et naturellement, il est conseillé de faire étape à l'office de tourisme chambonnais d'ici le 30 août, l'expo vaut vraiment le détour.


Infos pratiques

Jusqu’au 30 août à la galerie de l’office de tourisme du Chambon-sur-Lignon, 2 route de Tence.

Du lundi au samedi de 10 à 12 heures et de 14 h 30 à 18 h 30, le dimanche de 10 à 12 heures.

Tél. 04 71 59 71 56


Andrée Le Coultre 1917-1986

Andrée Le Coultre est née en 1917 à La Chaux-de-Fonds en Suisse ; ses parents viennent à Lyon alors qu'elle est tout enfant. Travaillant comme secrétaire mais intéressée par les arts, c'est vers la peinture qu'elle se dirige en allant aux cours du soir des Beaux-Arts où elle suivra l'enseignement d'Antoine Chartres. C'est là qu'elle rencontre Paul Régny avec lequel elle se marie en 1942 et devient française.

Tous deux fréquentent l'Académie du Minotaure créée par René-Maria Burlet, mais découvrent aussi les théories et les œuvres d'Albert Gleizes. Ils le rencontrent à Lyon lors de son exposition en 1947 puis à Saint-Rémy de Provence où il réside ; ils y participent avec Jean Chevalier à l'encadrement d'un stage d'été sur la peinture qui s'inspire des théories et des méthodes de Gleizes. Celui-ci suivra leur travail artistique personnel marqué par le cubisme, les rotations et les translations jusqu’à son décès en 1953.

Ils commencent à exposer, en particulier à la galerie Folklore de Marcel Michaud où Andrée Le Coultre a travaillé de 1941 à 1943, puis plus tard à la galerie de l'Institut à Paris, et toujours à Lyon, parmi d'autres, à l'Oeil Ecoute, chez Mouradian, Malaval, Houg (Red Room). Il y a aussi des expositions collectives et par ailleurs, chaque année, ils présentent leurs œuvres dans les Salons de peinture lyonnais, Salon d'Automne, puis Salon Regain et à partir de 1981 Salon du Sud Est, ce qui permet aux critiques de suivre leur évolution.

Le Musée des Beaux-Arts de Lyon possède 10 peintures d’Andrée Le Coultre, le Musée Dini de Villefranche en a 6.

Tout au cours de sa vie, à partir de son expérience personnelle de l'art et de la création, Andrée Le Coultre fait découvrir le rapport à la peinture et les techniques picturales à de nombreux élèves, que ce soit en école, dans des cours privés ou dans des associations de la commune de Tassin. Dans les années 50 et 60, Andrée Le Coultre explore ses propres thématiques, avec alternance de recherches non-figuratives et de retour au sujet: sujets religieux, où l'on sent parfois l'influence de l'art médiéval et irlandais, tirés de la bible, par exemple de l'Apocalypse qui laisse davantage place à l'invention au symbole et à l'imaginaire; mais aussi scènes de la vie quotidienne où peuvent se travailler constructions, rythmes, modulations et accords de couleurs comme les rouges et les bleus.

Puis ce sera le développement de lignes, d'arabesques et de figures qui, se superposant et s'accordant aux fonds rythmés et aux couleurs travaillées en finesse, sont l'expression d'une recherche picturale qui développe imaginaire, onirisme et poésie. "Le Coultre… nous entraîne vers des contrées inconnues et passionnantes… Se référant aux teintes profondes et chaleureuses des vitraux, ses couleurs se réclament de dominantes…, teintes écarlates dont il importe de suivre les modulations nombreuses et subtiles. La peinture devient un exercice spirituel, elle participe à l'univers profond de l'inconscient collectif exploré et exprimé par le poète." (René Déroudille 1985).


Paul Régny 1918-2013

Né en 1918 à Lyon, Paul Régny découvre la peinture à son adolescence, aidé en particulier par son professeur de dessin du lycée du Parc. Puis, alors qu'il a commencé à travailler, ce sont les cours du soir d'Antoine Chartres aux Beaux-Arts et les lectures comme celles d'André Lhote qui lui transmettent ses premières conceptions de l'art ainsi que les techniques du dessin et de la peinture à l'huile. C'est là qu'il rencontre Andrée Le Coultre qu'il épouse en 1942. Paul Régny travaille dans une fabrique de soierie puis en indépendant (dessins de soierie, cartes géographiques, cours de dessin…) et entre en 1956 dans un atelier d'urbanisme et d'architecture. Tous deux fréquentent l'Académie du Minotaure créée par René-Maria Burlet, mais découvrent aussi les théories et les oeuvres d'Albert Gleizes. Ils le rencontrent à Lyon lors de son exposition en 1947, puis à Saint-Rémy de Provence où il réside ; ils y participent avec Jean Chevalier à l'encadrement d'un stage d'été sur la peinture qui s'inspire des théories et des méthodes de Gleizes.

Celui-ci suivra leur travail artistique personnel marqué par le cubisme, les rotations et les translations. Ils commencent à exposer, en particulier à la galerie Folklore de Marcel Michaud, puis plus tard à la galerie de l'Institut à Paris, et toujours à Lyon, parmi d'autres, à l'Oeil Ecoute, chez Mouradian, Malaval, Houg (Red Room). Il y a aussi des expositions collectives et par ailleurs, chaque année, ils présentent leurs oeuvres dans les Salons de peinture lyonnais, Salon d'Automne, puis Salon Regain et à partir de 1981 Salon du Sud Est, ce qui permet aux critiques d'observer leur évolution.

Le Musée des Beaux-Arts de Lyon possède 11 peintures de Paul Régny, le Musée Dini de Villefranche en a 3.

A partir de la fin des années 1950, Paul Régny suit une démarche de plus en plus personnelle, abandonnant progressivement les aplats lisses pour moduler les surfaces, les faire passer de l'une à l'autre par un travail nuancé sur les couleurs ; elles participent ainsi à la création des rythmes et cadences de l'héritage gleiziste : l’œil du spectateur doit être entraîné de manière active pour participer de façon personnelle et intérieure à l'appropriation de l’œuvre exposée. C'est du travail de ces couleurs que va jaillir la lumière, un élément qui devient de plus en plus fondamental pour l’artiste : "La réalité de la peinture est la lumière. Elle s'incarne dans les couleurs qui la font chanter dans la gamme de l'arc-en-ciel -signe d'alliance dans la Genèse." "Que tout se passe dans la lumière, essence-même de la peinture et symbole de la lumière incréée".

Et c'est ainsi que l'on trouve parfois des œuvres plus dépouillées au niveau des formes mais où la composition garde malgré tout une structure fondamentale profondément enfouie, œuvres dans lesquelles "la couleur engendre des rythmes de méditation, propose une lumière "du dedans"" (J.-J. Lerrant). Il ne faut pas oublier en effet que l’œuvre picturale de P.Régny s'est développée en relation avec une intense vie spirituelle et religieuse. Si au début il se préoccupait surtout d'une recherche de la Beauté absolue, l'expression d'Elie Faure "l'Art est un appel à la communion des hommes" l'écarta de la notion de l'art pour l'art. Par ses œuvres, il souhaite aider les hommes à "s'ouvrir toujours plus au mystère qui est en eux et à la contemplation de l'essentiel", même si cela est une "ambition peut-être au-delà des possibilités…".

Et une "communion des hommes" qui se manifeste aussi parfois par des oeuvres figuratives, que ce soit des peintures religieuses ou des peintures de protestation et de témoignage sur la détresse du monde. Un artiste qui a toujours essayé de livrer aux autres une quintessence de la vie, symbolisée par les couleurs et la lumière.

Dernière modification le lundi, 20 août 2018 16:25

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