Les Lectures sous l'arbre qui se sont refermées samedi à "Cheyne" au Chambon-sur-Lignon sont les dernières sous cette forme. En 2025, aux mêmes dates, toujours à la campagne, mais dans un nouveau lieu sans doute plus pectiné, les Lectures nouvelles se réinventeront.
Edwy Plenel est devenu un fidèle intervenant (bénévole précise-t-il), des Lectures sur l'arbre où, chaque été, il intervient sur un sujet en lien avec le thème du festival. Celui de cette année, Les Caraïbes, était un vrai cadeau, soulignait-il "car Les Antillles, la Caraïbe, c'est mon histoire." Il refermait cette 33e édition, apprenant tout juste que Cheyne éditeur se retirait de l'aventure. Cette émancipation des Lectures par rapport à la maison d’édition lui inspirait ceci.
"Ce lieu est unique"
"Je n’imagine pas que ce lieu s’arrête. Il est unique, c’est un lieu vivant. Pour beaucoup tourner, être invité partout, je n’en connais pas d’autre comme celui-là. Je suis surpris de la diversité de régions d’où proviennent les festivaliers. Je serai toujours là pour les Lectures. Moi et Mediapart, je ne sais pas dans quelles proportions, car ce coup de foudre est le mien, on est prêt à continuer à accompagner."
Un ami installé tout près
Edwy Plenel relevait aussi la jubilatoire coïncidence de savoir qu'un ami avait largué une partie de ses amarres à quelques minutes de "Cheyne", à Devesset, pour faire naître un lieu de résidence et de travail, de création et de diffusion, une maison qui s'ouvre et se partage. "J’ai un bon ami cinéaste Yannick Kergoat avec qui j’ai fait une série documentaire sur Costa-Gavras que nous avons présentée à Cannes, et qui actuellement travaille pour Mediapart sur un film qui sortira en janvier en salle sur l’affaire Sarkozy Kadhafi en même temps que s’ouvrira le procès." Avec un collectif d'artistes, Yannick Kergoat a racheté l'ancienne colonie de vacances Les Sapins à Devesset.
"On va alléger la formule", annonce Jean-François Manier
Jean-François Manier confirme la fin des Lectures sous cette forme-là. "Elles vont perdurer, on va alléger la formule pour des raisons financières et de réorganisation. On ne voulait pas d’une année blanche. On gardera les mêmes dates, on va changer de lieu (la cohabitation devient difficile avec l’Arbre vagabond pendant huit jours, ça bouchonne de partout), on n’ira pas loin. On va changer les contenus, car il n’y aura pas d’ossature Cheyne, et garder l’esprit, avec toujours beaucoup de balades, de plein air… Ce sera évidemment différent."
Un emploi à créer
"Il faut qu’on arrive à créer un emploi. Elsa assurait un mi-temps à l’année pour les Lectures. Il faut qu’on trouve le financement pour l’autre moitié, en faisant des économies. On a une gestion saine, mais pas de trésor de guerre pour cet événement au budget de 135 000 euros. On commencera plus soft, puis on montera en puissance, en imagination. On se sent très soutenu depuis l’annonce."
Edwy Plenel reprenait pour conclure une formule des savants du Muséum d'histoire naturelle dans un manifeste sur l'immigration : « Il n’y a pas de vie sans déplacement. » Les Lectures devraient donc migrer en 2025, pour se ressourcer, sous d'autres futaies...