La conférence de Serge et Béate Klarsfeld a déplacé les foules samedi en fin d'après-midi, au temple du Chambon-sur-Lignon.
La jauge était de 300 places et elle a bien été atteinte. Où l'on a même découvert que les grands bancs en bois du temple disposaient de rallonges pour servir de strapontins.
Un détour par Saint-Julien-Chapteuil samedi
Samedi, guidés par Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah, les époux Klarsfeld, 85 et 82 ans, ont témoigné devant un temple rempli à ras bord et acquis à sa cause. Leur histoire, leurs souvenirs, leur vision du présent et de l'avenir : le public a pu écouter Serge et Beate, surnommés "les chasseurs de Nazis" pour leur engagement contre les anciens Nazis.
Elle est protestante luthérienne allemande, lui est juif né en Roumanie. L'historien et avocat a été caché dans une maison du bourg de Saint-Julien-Chapteuil, rue Chaussade, avec sa mère et sa soeur. En pays catholique. Quelques heures avant cette conférence chambonnaise, les époux sont retournés sur les traces de ce passé en Haute-Loire.
Dans le nouvel ouvrage de Muriel Rosenberg, "Mais combien étaient-ils ? Les réfugiés juifs au Chambon et sur le Plateau de 1939 à 1945" (Editions Dolmazon), Serge Klarsfeld signe la préface. Il raconte : "Nous avions fui Nice et la Gestapo en direction de la Haute-Loire, sur la foi de conseils donnés par des amis qui affirmaient que le Major allemand au Puy-en-Velay ne persécutait pas les Juifs. C'était exact."
"La menace existe toujours"
A la question de l'avenir et de leur regard sur les tensions religieuses, en particulier en ce qui concerne les juifs, Serge Klarsfeld se montre vigilant : "L'avenir est imprévisible, autant que peut l'être la pandémie que nous vivons actuellement. Il faut toujours rester vigilant, pour les juifs et pour l'Etat juif. La menace existe toujours. Ce qui a été vaincu au XXe siècle peut recommencer. Aujourd'hui, aucun pays n'a pas de politique antisémite mais ça peut changer. Quand on traverse une crise, les juifs sont souvent tenus pour responsables. Toutes les générations ont un combat à livrer."
