lundi, 08 février 2021 09:50

L'histoire de la famille Schwam passe aussi par Saint-Jeures

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A la suite de l'annonce du legs exceptionnel d'Erich Schwam (dont nous nous étions fait l'écho le 27 janvier) à la la commune du Chambon-sur-Lignon, un témoignage du séjour à Saint-Jeures de cette famille juive autrichienne était parvenu à notre rédaction.

Guy Lafaurie du Chambon-sur-Lignon nous avait fait part de l'histoire de sa famille du côté de "Pouzols" à Saint-Jeures.

 

La discrétion de rigueur

Le septuagénaire avait pris soin de noter soigneusement les souvenirs confiés par sa mère assez tardivement d'ailleurs, comme c'est souvent le cas lorsque l'on plonge dans cette histoire remarquable d'accueil de réfugiés sur le Plateau Vivarais-Lignon. La discrétion semblait la règle au moins jusqu'il y a une vingtaine d'années où l'idée de créer un espace muséal sur ce sujet a fini par s'imposer, après bien des péripéties...


En relation avec le pasteur André Gall

Guy Lafaurie  retrace : "Mon grand-oncle et ma grande-tante, Hippolyte et Fanny (née Menut) Exbrayat, ont caché un docteur autrichien Schwam avec ses enfants dans leur ferme de "Pouzols". D'autres familles juives du nom de Stok et Playere ont également bénéficié de cette protection. Ma grand-mère Anaïs Guilhot des "Moulins" a confectionné des habits pour ces enfants juifs avec sa fille Juliette Guilhot (Mme Lafaurie). Mon grand-oncle était en relation avec le pasteur André Gall de Florac."


Des caches successives

On retrouve d'ailleurs sur une photo prise à l'époque (à retrouver ci-dessus) la fille de ce pasteur, Eveline Gall (qui préférait être appelée Line signale Guy Lafaurie). "Elle avait sensiblement le même âge que le jeune Erich Shwam et on peut imaginer qu'ils se sont côtoyés alors." Il ajoute ceci: "A Freycenet de Saint-Jeures, la famille Dolmazon (le menuisier) avait aussi accueilli un certain temps la famille Schwam. Ma mère m'expliquait que les réfugiés transitaient souvent dans différents lieux de façon à leur assurer une meilleure protection."


Une bâtisse typique de l'architecture paysanne

Aujourd'hui, Guy Lafaurie porte ses pas jusqu'à "Pouzols" commune de Saint-Jeures pour nous montrer la maison qui abrita la famille Schwam une partie de son séjour sur le territoire, dans un laps de temps que personne ne semble en mesure de déterminer. C'est une belle bâtisse de pierres, traditionnelle de l'architecture rurale, avec son "court" typique, des boiseries joliment restaurées à l'initiative de ses propriétaires depuis 1966, Claire et Jean-Bernard Suchel.


De précieuses photos

"Nous avons acheté cette maison à Edouard, le neveu d'Hippolyte, sans évidemment savoir qu'elle avait permis de protéger des réfugiés. On découvre des choses en ce moment", confie bien volontiers Jean-Bernard Suchel. Cet ancien professeur de géographie à l'université de Saint-Etienne apprécie d'avoir reçu de la part de Guy Lafaurie des documents, des copies de photos des anciens propriétaires des lieux, à diverses époques de leur existence.


Devant le linteau gravé

On voit le couple resplendissant de jeunesse, Fanny au côté d'Hippolyte en uniforme dans la période de la guerre de 14-18, puis avec leurs enfants, plus loin encore les têtes blanchies signalent le passage des ans. L'un des clichés est pris devant la porte. "Le linteau sculpté est bien reconnaissable et on aperçoit même une branche du poirier, un arbre qui est toujours là."


"Ce n'est rien, c'est les rats"

Selon les indiquations données par Guy Lafaurie, la cache se trouvait sous les combles. Lorsque des gens venaient et que les grincements du plancher pouvaient trahir la présence humaine, son grand-oncle lui racontait (dans un patois que nous ne saurons pas reproduire ici) qu'il lançait pour faire taire les soupçons : "Ce n'est rien, c'est les rats".

Dernière modification le lundi, 08 février 2021 10:49

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