vendredi, 28 août 2020 14:54

Chambon-sur-Lignon : du rire aux larmes et des larmes aux rires avec Pierre Draï

Photo fournie par le Lieu de mémoire|Photo fournie par le Lieu de mémoire|| Photo fournie par le Lieu de mémoire|Photo fournie par le Lieu de mémoire|| |||

Jeudi soir, la programmation estivale du Lieu de mémoire a permis de découvrir le témoignage de Pierre Draï sur son enfance cachée dans l'Aube.

Du rire aux larmes et des larmes aux rires. Voilà les sentiments qui ont saisi l’auditoire des Bretchs au Chambon-sur-Lignon jeudi, où les participants étaient venus en nombre malgré les contraintes sanitaires, à l’écoute du témoignage de Pierre Draï. Celui-ci racontait son enfance "trimballée" après l’arrestation de ses parents et de ses trois frères aînés pendant la Seconde Guerre mondiale, qui périront dans les camps d'extermination nazis.


De bonnes et mauvaises rencontres

Pierre Draï parle de rencontres, les bonnes, ainsi le pasteur et son épouse à Paris à l’église du Tabernacle, les moins bonnes comme avec les éducateurs de l’Assistance publique, et enfin ce sanatorium où il est envoyé parce qu’il a attrapé la tuberculose. Une pathologie dont, d’après les médecins, il est guéri le jour de la Libération, comme un clin d’œil à la vie. Et sans doute aussi plus vraisemblablement une maladie guérie depuis longtemps, mais qui faisait illusion, le protégeant en cas d’une éventuelle rafle.


Une maison d'enfants pour se reconstruire

Grâce à la générosité de Pierre Draï, le public a pu vivre son histoire et être à son tour saisi par l’émotion. Les quelques enfants présents dans la salle ont retenu ses exploits de constructeur à "La République des enfants de Moulins-Vieux" dans l’Isère. Et la dernière question a été celle d’un jeune garçon : "combien de temps avez-vous mis à construire le chalet ?".

Pierre Draï est resté ce jeune garçon qui a pu se construire grâce à cette maison d’enfants où Henri et Henriette Julien l’ont accueilli. Une histoire qui entrait particulièrement en résonance avec celle du Chambon pendant la guerre : un pasteur, une maison d’enfants…

L'atroce côtoie la joie de vivre

De ce récit où l’atroce jouxte la joie de vivre, il en a fait un livre dont le titre lui a été inspiré par Serge Klarsfeld. Sa rencontre avec l’historien, avocat et infatigable défenseur des enfants de déportés, a été décisive, « Serge m’a dit d’écrire mon histoire et de mettre mémoire dans le titre ». C’est ainsi que sa vie d’orphelin, caché pendant la guerre est devenue un livre "La mémoire déverrouillée", comme un écho aux paroles de Boris Cyrulnik. Cev dernier était venu en 2016 au Chambon-sur-Lignon pour expliquer , dans le temple, devant près de 500 personnes, que le travail de mémoire consistait à « décacher » ces enfants de la guerre.


Une douleur toujours vive

Pierre Draï a raconté son parcours à Boris Cyrulnik mais il a refusé d’être en résilience, selon la formule chère au neuropsychiatre, car sa douleur est toujours vive. Elle affleure et le saisit fréquemment pendant son témoignage. Mais est-ce que la parole n’est pas le début d’une forme de résilience ?

 

Dernière modification le vendredi, 28 août 2020 17:28

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