dimanche, 01 décembre 2019 21:10

Mazet-Saint-Voy : le conseil municipal se mobilise pour une mère et ses enfants menacés d'expulsion

Le conseil municipal du Mazet unanime pour se mobiliser pour cette maman congolaise et ses deux enfants|| Le conseil municipal du Mazet unanime pour se mobiliser pour cette maman congolaise et ses deux enfants|| ||

Le conseil municipal du Mazet-Saint-Voy a voté à l'unanimité une motion de soutien à une mère de famille d'origine congolaise accueillie au Mazet avec ses deux enfants. La famille est sous le coup d'une menace d'expulsion imminente.

Cette situation dramatique jugée "inhumaine" par Bernard Cotte et toute son équipe a conduit la municipalité à s'adresser au préfet. Cette démarche s'inscrit dans le contexte d'une renaissance amorcée pour les enfants et leur mère, accueillis avec bienveillance au Mazet-Saint-Voy, village fidèle à sa tradition ancestrale d'ouverture à l'autre qui se conjugue au présent.

Voici les éléments permettant de saisir de quoi il retourne.


Au Congo

Nathalie est née en 78 au Congo (RDC), à Nioki. Elle a vécu à Gouma et s’y est mariée. En 2007 elle a un premier bébé, Nicomède. La guerre civile l’oblige à fuir le Congo où elle a subi des violences. Elle se réfugie en Afrique du Sud, à Johannesburg, avec son mari mais sans son bébé, trop petit, qu’elle a confié à ses parents et dont elle n’a, à ce jour, aucune nouvelle (ni de l’enfant, ni des parents, perdus dans la guerre au Kivu).


En Afrique du Sud

Le jeune couple obtient le statut de réfugiés en 2008, se reconstruit, a deux enfants, l'un né en 2011, l'autre en 2015. Mais en juillet 2017, la xénophobie s’exprime en Afrique du Sud contre les réfugiés, nombreux. La famille subit à nouveau des violences, sa maison est brûlée, son petit commerce est pillé, elle-même est violée devant ses enfants. Son mari rassemble ses économies et paie un voyage pour sa femme et les deux petits. Il n’a pas assez d’argent pour lui-même. Elle n’a plus aucune nouvelle de lui.


En France

Le passeur l’accompagne avec de faux passeports, jusqu’en France. A l’aéroport de Roissy il lui conseille de demander l’asile au service de police des frontières, et la laisse en lui reprenant le faux passeport.

Elle dépose un dossier de demande d’asile, vit d’abord dans un hôtel social, puis est envoyée au CADA du Chambon le 21 mars 2018. Mais sa demande est rejetée. En effet, elle est entrée illégalement en France, avec un faux passeport. Elle doit quitter le CADA et est accueillie d’abord dans le presbytère du Mazet, puis, à partir de juin 2019, dans un appartement de la municipalité. Elle fait ensuite une demande auprès de la préfecture du Puy au titre de l’admission au séjour, pour raisons humanitaires, ce qui est du pouvoir discrétionnaire du préfet. Cette demande a été rejetée, le 25 juin, au motif qu’elle pourrait rentrer en Afrique du Sud. Et elle est menacée d’expulsion.


L'impossible retour

Pour ses soutiens, il est clair que le préfet Nicolas de Maistre ne mesure pas "l’impossibilité pour Nathalie et ses enfants de retourner en Afrique du Sud, pays dont on perd automatiquement le statut de réfugié quand on le quitte, et où elle serait arrêtée et emprisonnée, et encore moins au Congo où la guerre se poursuit, et où elle serait en danger de mort. Elle n’a aucune nouvelle de son mari, ni de ses parents et de son premier enfant. Ses deux autres enfants, nés en Afrique du Sud, n’ont aucun document d’identité congolais."


En marche vers l'autonomie

"Nathalie et ses deux enfants ont vécu des horreurs. Malgré les deuils, les violences, les souffrances, les absences, ils commencent à retrouver un peu de paix. Les deux petits garçons commencent à sortir de l’état de stress dans lequel ils sont depuis les violences auxquelles ils ont assisté. Nathalie est très entourée, entre autres par les paroisses protestantes du Chambon et du Mazet. Elle habite un logement mis à disposition par la mairie du Mazet, elle a une promesse d’embauche. Les deux enfants sont scolarisés, fréquentent le centre de loisirs, se font des amis. Ils sont tous en marche vers l’autonomie et ne seront pas une charge pour l’Etat français."


Leur permettre de vivre en paix ici

Le conseil municipal du Mazet, tout comme les soutiens nombreux de tous horizons (église protestante, parents d'élèves, centre de loisirs...) de cette famille durement éprouvée, sollicitent du préfet un réexamen du dossier "en tenant compte des réalités des pays que cette mère de famille a fui, et de bien vouloir lui accorder, à titre humanitaire, un titre de séjour lui permettant de vivre en paix ici."

En cette période de l'Avent, même si les sirènes consuméristes prennent le pas sur les valeurs propres à la dimension chrétienne de cette fête majeure, chacun rêve pour cette mère et ses enfants qu'ils puissent passer Noël en toute quiétude.

 

Dernière modification le dimanche, 01 décembre 2019 21:50

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