lundi, 30 septembre 2019 21:19

Chambon-sur-Lignon : champignons et radioactivité, un sujet qui a passionné à l'Arbre vagabond

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Dimanche, au Chambon-sur-Lignon, à la librairie L'Arbre vagabond à "Cheyne", une assistance nombreuse a suivi la conférence de Julien Syren sur la radioactivité et les champignons.

C'est à la fin d'une après-midi idéale pour cueillir les champignons d'automne, que quelque 70 personnes se sont glissées dans le grand salon de l'Arbre vagabond, accrochées au bar, positionnées dans le couloir pour suivre une conférence de Julien Syren sur "Champignons et radioactivité. Quid des champignons cueillis en Auvergne-Rhône-Alpes ?". Une proposition insérée dans le programme de la Fête de science.


Un épineux sujet

C'est à un enfant du pays qu'est revenue la charge d'éclairer le public sur l'épineux sujet à l'heure où les cèpes, chanterelles, trompettes de la mort et autres délices de saison s'invitent sur les tables familiales comme étoilées.

Après avoir grandi au Chambon-sur-Lignon et obtenu son diplôme d'ingénieur géologue à Nancy, Julien Syren a intégré le laboratoire de la CRIIRAD (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) en 1999, où il exerce les fonctions de chargé d'étude et de responsable du service radon depuis 2001.


Un puissant capteur de pollution

Après avoir présenté brièvement la CRIIRAD, précieuse structure née pour contrer l'affligeante désinformation étatique à la suite de l'accident nucléaire de Tchernobyl, il a expliqué pourquoi le champignon est "un puissant capteur de pollution". Il a signalé l'existence à cet égard d'une variabilité entre les espèces. Il a rappelé la persistance de césium radioactif dans les sols français.

Des prélèvements et analyses réalisés sur 900 champignons avaient mis alors en lumière des taux importants de radioactivité dans les bolets, les petits gris... des taux modérés pour les girolles, bien moins encore dans les rosés des prés, coulemelles, champignons de Paris.


Une consommation possible sans excès

En 2015, en Rhône-Alpes, de nouvelles mesures sur divers champignons comestibles (bolet, charbonnier, girolle, lactaire...) ont mis en évidence une réduction significative de la présence de césium 137. "On a globalement constaté de faibles doses, avec de grandes différences d'un champignon à l'autre, d'un secteur à l'autre."

"On peut s'autoriser à manger des champignons de temps en temps. Pour autant, le risque n'est pas nul. Il se quantifie par un cancer sur 2 millions de personnes." Le conférencier a précisé, par espèce, le nombre de kilos absorbés cumulés sur une année pouvant présenter un danger. Ainsi pour le bolet bai, il se situe à 3,6 kg.

Nouvelle rassurante donc sur cet aspect-là de la question.


Quid de la réglementation ?

Mais ce qui est franchement moins rassurant, c'est la manière dont les pouvoirs publics se projettent dans l'avenir. Aujourd'hui, aucun contrôle de radioactivité n'est réalisé sur les champignons vendus sur les marchés en France. Seuls les champignons arrivant d'Ukraine, Biélorussie sont soumis à une réglementation : ils ne doivent pas dépasser le seuil de 600 becquerels par kilo frais. S'ils viennent du Japon, le seuil est encore plus bas, il est fixé à 100 becquerels.

Et voilà que l'Europe, dans l'hypothèse d'un nouvel accident nucléaire, a fixé un seuil à... 1250 becquerels par kilo de champignons frais. De quoi permettre d'écouler à peu près n'importe quelle marchandise sans s'inquiéter des conséquences sur la santé des consommateurs. Edifiant, non ?

 

Dernière modification le jeudi, 03 octobre 2019 17:05

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