mardi, 13 août 2019 16:57

Le Chambon-sur-Lignon : Guo Runwen et ses troublantes toiles racontées au PIC

Le Parc international Cévenol (PIC) au Chambon-sur-Lignon jalonne la saison de belles rencontres. C'était le cas avec la conférence donnée par Guo Runwen, peintre chinois renommé, aux attaches dans la province de Guangdong.

C'est ainsi que l'on a pu découvrir un artiste et son œuvre singulière, par l'entremise de Fan Zhe à la traduction et d'images projetées salle François-Lods. Guo Runwen est un éminent représentant de la peinture à l'huile en Chine, dans une veine figurative.

Avec une maîtrise technique assez époustouflante, il surfe entre une peinture ultra-léchée plongeant dans des univers des siècles passés et une contemporanéité troublante lorsqu'il puise dans ses souvenirs d'enfance notamment, dans la douleur liée à un événement familial intime...

Au gré des toiles défilant sur l'écran (dont quelques exemples sont à apprécier dans la galerie photos), l’œil s'attardait volontiers sur les représentations de la machine à coudre maternelle. Elle incarne le lien d'amour unissant Guo Runwen à sa mère, celle-ci l'actionnant jusque tard dans la nuit. On imagine ce bruit familier devenant une sorte de berceuse apaisante, tout en symbolisant aussi l'usure de cette femme obligée de rester des heures arrimée à cet objet de labeur.


Des œuvre intrigantes

Ici, c'est une composition intrigante, chaotique. Des poupées brisées, un poupon curieusement encagé, se discernent sur un mur où des vieilles ordonnances sont placardées. Une manière de protéger sa fille malade des poumons, en écho à un rituel taoïste, expliquera l'artiste.

Là, c'est une fillette et une marionnette. Et si le mobilier deviné, les étoffes, invitent à remonter le temps, la moue de l'adolescente convoque une manière très moderne de s'ennuyer.

Et d'autres toiles encore qui mériteraient qu'on s'y arrête sans doute mais l'énumération serait trop longue. Citons donc uniquement un tableau qui touche et dérange. Il trouble d'autant plus qu'il fait écho à l'histoire du Plateau, lieu de refuge des juifs pourchassés durant la dernière guerre.

Il fait référence au roman de Tatiana de Rosnay "Elle s'appelait Sarah", adapté au cinéma par Gilles Paquet-Brenner. Lors de la rafle du Vel'd'Hiv', Sarah cache son petit frère dans un placard fermé à clé, lui promettant de revenir le chercher et gardant sur elle cette clé. Mais la petite fille est déportée...

Ce drame l'artiste chinois l'a saisi avec un portrait d'une jeune fille pensive, assise, au-dessus d'elle une clé dans un coffret-cercueil, entre ses mains réunies comme pour prier, un crucifix...

Dernière modification le mardi, 13 août 2019 17:59

Partager sur :