mardi, 30 novembre 2021 22:16

Incendie d'un immeuble à Retournac : trois condamnations prononcées par le tribunal

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Après l'incendie qui a ravagé un immeuble dans le bourg de Retournac, trois hommes étaient jugés mardi par le tribunal correctionnel du Puy-en-Velay. Les peines vont de 6 mois avec sursis à 2 ans ferme.

Le samedi 11 juillet 2020, un incendie avait ravagé un immeuble dans la rue principale de Retournac. Trois hommes avaient été confondus grâce à différents témoignages. Après un premier renvoi, le procès a pu se tenir mardi après-midi. Un seul prévenu était néanmoins présent à l'audience, les deux autres étaient représentés par leur avocat.

Un immeuble totalement détruit

Au 8 avenue de la Gare, l'alerte avait été donnée à 20 h 40 pour des fumées s'échappant de cet immeuble situé entre la place de la République et le musée des manufactures de dentelles. Le rez-de-chaussée était occupé par un bureau d'un notaire d'Yssingeaux, également propriétaire du bien. L'appartement du 1er étage était inoccupé et celui du 2e étage était habité par un locataire, mais absent tout l'après-midi.

Des témoignages permettent d'identifier trois suspects

Les trois prévenus avaient été interpellés quelques jours après les faits. Plusieurs témoins avaient reconnu deux des trois hommes. Le principal prévenu, aujourd'hui âgé de 30 ans, connaît bien Retournac même s'il n'y vit pas. "Je suis connu comme le loup blanc à Retournac", reconnaît celui qui mesure 1,96 m.

La voiture part en trombe, l'immeuble prend feu

Au final, on ne saura pas pourquoi le feu a été mis. Le principal prévenu, qui a vécu à Beauzac et vivait au moment des faits au Chambon-Feugerolles, connaît la victime depuis son enfance. Ce jour-là, après avoir fêté l'anniversaire de l'enfant de sa compagne, il descend avec deux autres hommes sur Retournac : un homme de 25 ans et un autre de 55 ans.

Des témoins affirment les voir rentrer dans l'immeuble avec des bouteilles en verre. Il s'agit d'alcool. Et quand ils repartent, quelques minutes plus tard, ils font crisser les pneus de la "ZX" verte. S'ensuit le début d'incendie et la destruction totale de l'immeuble, présenté comme étant en mauvais état. Aujourd'hui, l'édifice devrait être démoli.

Deux prévenus chargent le troisième

Le plus jeune et le plus âgé chargent le troisième compère comme l'incendiaire présumé. Pendant les auditions, la confrontation et encore à la barre du tribunal, il continue de rejeter les accusations, affirmant être monté une seule fois toquer à la porte et être redescendu aussitôt, la future victime étant absente. "Je sais très bien ce que j'ai fait. Et je n'ai rien fait. Il faut demander à ceux qui ne sont pas là aujourd'hui", se défend le prévenu, sorti de prison depuis dix jours pour une autre affaire.

Le parquet demande 18 mois pour chaque prévenu

Pour le parquet, "peu importe qui imbibe le torchon d'alcool et qui allume le feu, les trois y étaient. Les motivations profondes, on les ignore, les trois se renvoient la balle mais cela ne les disculpe pas". La substitut du procureur finit par demander 18 mois de prison pour chacun des prévenus.

Pour Me Cédric Augeyre et Me Nicolas Ogier, les avocats du plus âgé et du plus jeune, il est nécessaire d'apprécier la responsabilité de façon individuelle. Leurs clients reportent toute la responsabilité sur le troisième et les avocats demandent la relaxe, "ou une chance d'aménager la peine".

Pour l'avocate du principal suspect, Me Morgane Giral, "l'incendie volontaire ne ressort pas des constatations des experts. Ils disent que c'est vraisemblable mais pas certain. Et mon client n'avait aucune raison de mettre le feu. La victime est son ami". Elle aussi a plaidé la relaxe.

Deux relaxes partielles, une condamnation au-delà des réquisitions

Le tribunal a décidé de prononcer une relaxe pour le plus jeune et le plus âgé en ce qui concerne l'incendie et les dégradations. Mais ils sont reconnus coupables pour la violation de domicile. En fonction des profils et des casiers judiciaires, le tribunal a prononcé 6 mois de prison avec sursis pour le plus âgé et 4 mois ferme pour le plus jeune. Quant au troisième, le tribunal est allé au-delà des réquisitions en prononçant une peine de 24 mois ferme.

Condamné deux fois le même après-midi

Outre les deux ans de prison, le prévenu ligérien a aussi écopé d'une peine de 12 mois de prison avec sursis pour une seconde affaire, jugé également ce mardi. Il était poursuivi pour des menaces de mort prononcées dans un message vocal Snapchat à Beauzac en 2019 et des violences sur son ex-compagne, à Fraisses en 2015. Celui qui avait cambriolé la maison de ses ex-beaux-parents lors de leurs vacances évoque "une relation tumultueuse" avec son ex-compagne avec qui il est resté 4 ans. Il conteste les violences, "juste une gifle une fois". Un document médical fait pourtant état de côtes fêlées" en décembre 2015, élément sur lequel s'est appuyé le parquet pour poursuivre. "Vous voulez nous faire croire que vous êtes un agneau", évoque Marie Moschetti, la substitut du procureur. Le prévenu reconnaît de l'impulsivité "depuis que je suis petit".

"Ma cliente est dans un état psychique encore perturbé. Elle n'attend pas de réponse, elle sait ce qu'elle a vécu", indique l'avocate de la Beauzacoise. La représentante du parquet ajoute : "Un fait a été constaté mais les violences étaient habituelles". Elle a demandé 10 mois de prison avec sursis et un suivi pendant deux ans.

"Les disputes étaient réciproques", a plaidé l'avocat du prévenu, faisant ressortir les erreurs de dates dans les déclarations et demandant la requalification des poursuites.

Le tribunal ne l'a pas suivi et a infligé 12 mois avec sursis.

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