mercredi, 02 mars 2022 21:58

Réfugiés à Saint-Agrève, ils vivent la guerre d'Ukraine à distance

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Evgeni et Regina Gavlitsky, et leurs deux filles, vivent à Saint-Agrève depuis 2015. Originaires du Dombass en Ukraine, une région envahie par l'armée russe depuis une semaine, ils ont fui leur pays et ont laissé leurs familles derrière eux. Les réfugiés suivent à distance l'évolution de la guerre.

Le couple nous reçoit dans sa maison, achetée à Saint-Agrève. Leur niveau de français est impressionnant. Dans le salon, la télévision est exceptionnellement branchée sur les informations de leur pays alors qu'ils font en sorte de s'intégrer en s'imprégnant de la culture française. "Tous nos amis sont Français", assure Evgeni qui travaille depuis 2018, date où il obtenu le statut de réfugié et donc le droit de travailler, à l'entreprise d'électronique Eolane. Il a gravi les échelons et se trouve aujourd'hui dans le bureau de méthode. Regina est comptable à Saint-Agrève. Leur fille aînée, 9 ans, est née en Ukraine, quand sa petite soeur, 4 ans, a vu le jour à la maternité du Puy-en-Velay.

Il a été emprisonné par les séparatistes

Ils ont fait le choix en 2015 de quitter l'Ukraine. Pro-Ukrainien, Evgeni était en danger dans son propre pays, dans cette région du Dombass gagnée par les pro-Russes. "On avait quitté la région mais partout, on nous cataloguait pro-Russes. En revenant à Donetsk, j'ai été arrêté et emprisonné par les séparatistes. Ma femme a réussi à me faire sortir en payant une rançon. C'est là qu'on a décidé de fuir le pays."

Direction la France où un ami se trouvait et lui a expliqué l'accueil, les conditions, les démarches. Lyon d'abord, puis Privas, et enfin Saint-Agrève. Les débuts ont été difficiles mais la famille s'est accrochée, a appris la langue de Molière et s'est intégrée. Aujourd'hui, ils voient leur vie en France et ambitionnent de prendre la nationalité française.

Les bombardements, un souvenir effrayant

Depuis quelques jours, les bombardements ont ressurgi. Ces mêmes bombardements que eux avaient connu avant de partir. Un épisode qui reste gravé dans les mémoires et apporte un stress permanent. Aujourd'hui, leurs familles vivent dans la peur et la menace. "On a été surpris de l'invasion de l'armée russe. En 2014, c'était la surprise totale lors de la prise de la Crimée. Cette fois-ci, les troupes étaient positionnées. Chaque jour, Poutine faisait monter les menaces, le chantage. On pensait que c'était une simple tactique et qu'il ne passerait pas à l'acte."

Evgeni montre de la fierté dans la résistance affichée par le peuple ukrainien. "Une fois la surprise passée, la Nation résiste. Le peuple s'organise et résiste. Il n'a plus peur. La Russie n'aura jamais l'adhésion des Ukrainiens."

"Le monde doit montrer les muscles"

Le Saint-Agrévois attend des efforts supplémentaires des Occidentaux pour faire cesser la guerre. "Si la Russie gagne toute l'Ukraine, qu'est ce qui pourra empêcher Poutine de continuer, comme les Allemands à leur époque. Le monde regarde ce conflit, il faut envoyer un message de fermeté à Poutine qui a testé pendant 8 ans et n'a pas rencontré de résistance féroce. Les sanctions économiques, c'est un bon début mais il faut montrer que le monde est prêt à s'engager avec la force."

Dernière modification le mercredi, 02 mars 2022 22:45

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