La vie au temps du numérique et bien plus encore, voilà le sujet du remarquable spectacle donné mercredi à la salle des Arts de Saint-Agrève.

Une trentaine de personnes seulement avaient rallié la salle des Arts mercredi soir pour "Digital natives", dans une mise en scène de Eugen Jebeleanu. Cette représentation proposée par Val’Eyrieux et la Comédie de Valence s'insérait dans le programme du Mois du vivre ensemble.

Les absents ont eu diablement tort. Car l'intermède ne générait pas l'ennui, invitant à la réflexion au passage et surtout donnait l'occasion de découvrir deux beaux tempéraments d'actrices.

L'intrigue invitait à suivre les pas de deux adolescentes de 12-13 ans, Sophia et Lyne, campées par Adèle Gascuel et Adèle Grasset, comédiennes magnifiques au service d'un texte fort de YannVerbugh, bien en phase avec les us et dérives de notre société contemporaine envahie par le numérique, pesant sur l'intime, pour le meilleur comme pour le pire.

Voilà l'histoire. Depuis sa naissance, le quotidien de Sofia est partagé par sa mère sur les réseaux sociaux. Lorsqu’elle prend conscience que, parmi les milliers de photographies de son intimité d’enfant jetée en pâture sur la place publique, l’une est unique. La seule de son père qui n’ait pas été effacée. Son visage s’y détache sur l’océan. C’est là, pense-t-elle, qu’elle pourra le retrouver.

Par une nuit d’hiver, elle convainc Lyne de l’accompagner dans sa fugue. Lyne est aussi maladroite et réservée que Sofia est expansive et déterminée. Mais toutes deux rêvent d’une autre vie. Le soir du départ, elles ratent le dernier bus. C’est le début d’une nuit de confidences précieuses qui parle au coeur et aux tripes et dont nous vous tairons le dénouement malin.