jeudi, 16 mars 2023 19:36

Réforme des retraites : après le déclenchement du « 49.3 », les syndicats veulent enfoncer le clou

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Ce jeudi, à 18h, l’intersyndicale d’Haute-Loire s’est à nouveau retrouvée devant la préfecture du Puy-en-Velay.

Déjà présents à midi pour continuer à mettre la pression sur les députés avant le vote à l’Assemblée nationale du texte de la réforme des retraites, les syndicats se sont retrouvés cette fois-ci pour commenter le choix du gouvernement de dégainer le « 49.3 ». Aussi bien la CGT que Force Ouvrière, ils estiment que ce choix du gouvernement conforte la mobilisation de la rue.

Les syndicats appellent à continuer

Pierre Marsein, secrétaire départemental de la CGT : « C’est une défaite de plus du gouvernement. Elizabeth Borne explique qu’elle est minoritaire. Aujourd’hui, le gouvernement n’a plus d’autres choix que de retirer son projet. Cette situation, on la doit aux manifestations et aux grévistes. Il faut continuer partout, c’est possible. »

Pour Pascal Samouth, secrétaire de Force Ouvrière, « c’est une première victoire. Le gouvernement est obligé de reconnaître qu’il n’a pas la majorité. Le 19 janvier, quand on a commencé la contestation, ce n’était pas gagné. Pour le gouvernement, l'utilisation du « 49.3 » est d’abord un aveu de faiblesse. On va continuer le mouvement, on maintient la mobilisation et l’appel à la grève. »

Les sénateurs confirment leur vote

Olivier Cigolotti s’est abstenu sur le texte qui a été présenté jeudi matin devant le Sénat, comme en première lecture. L'élu centriste soutient que « cette réforme était mal engagé autant sur la forme que sur le fond. Pour moi ce n’est pas le bon format qui a été choisi. Les Français ont un rapport au travail qui a changé. Utiliser le « 49.3 », c’est un déni de démocratie représentative. Au Sénat on a débattu des 20 articles de la loi. On a apporté notre regard dans le débat mais cela n’a pas suffi à emmener l’adhésion à l’Assemblée nationale. »

Laurent Duplomb, sénateur LR, à lui voté pour le texte. Il s’en explique : « le Sénat a été entendu. Cela permettra de sauver notre système de retraites par répartition. Le gouvernement a repris les principes de la réforme votée depuis plusieurs années au Sénat pour permettre de juguler les déficits. Il y avait urgence à agir. La réforme s'est largement appuyée sur le texte voté par le Sénat : les mères de famille bénéficieront d'une surcote ; un contrat de fin de carrière pour les seniors a été adopté ; des dispositifs de lutte contre la fraude vont être mis en place (condition de résidence et biométrie) ; une pension de réversion sera créée pour les orphelins ; le départ à la retraite pour la personne handicapée est maintenu à 55 ans ; des dispositifs pour prendre en compte l'usure professionnelle ont également été adoptés ; la retraite anticipée pour incapacité est maintenue à 60 ans. Enfin concernant les carrières longues la 4ème borne d'âge des 21 ans votée au Sénat a été adoptée. Quant à la durée de cotisation, le plancher est fixé à 43 ans. Avec le vote du Sénat, c'est le système par répartition qui est conforté ; les impôts ne seront pas augmentés et les pensions ne seront pas baissées. »

Les deux députés réagissent aussi

Dans un communiqué commun, les députés LR Isabelle Valentin et Jean-Pierre Vigier déplorent la décision d’un nouveau recours à l’article 49-3 de la Constitution. « Une nouvelle fois, le Gouvernement a fait la démonstration de son incapacité à trouver une majorité à l’Assemblée nationale et à faire l’unanimité dans ses rangs ».

Les députés de Haute-Loire estiment que « ce passage en force est inacceptable mais pas surprenant. Avant même l’examen du texte, le choix d’un véhicule législatif budgétaire (PLFRSS) donnait à voir le mépris adressé à la démocratie parlementaire. Cette procédure n’était pas à la hauteur d’une réforme profondément sociétale où la représentation nationale aurait dû pouvoir discuter de l’ensemble des sujets de fond, notamment sur la pénibilité, l’employabilité des seniors, la politique familiale et le droit du travail. »

Depuis deux mois, Isabelle Valentin et Jean-Pierre Vigier répétaient leur opposition résolue « à ce projet de loi qui pénalise les travailleurs ». Ils soulignent que, si une réforme est nécessaire, « elle doit être juste et équitable. Or, ce texte n’est juste ni pour les salariés, ni pour les mères de famille, ni pour les retraités dont l’écrasante majorité ne bénéficiera pas des 1200 euros tels qu’annoncés en janvier. »

« Si des avancées ont été obtenues à l’issue de la commission mixte paritaire, notamment sur la question des carrières longues, les personnes ayant commencé à travailler tôt seront, elles aussi, inévitablement pénalisées. A cet égard, seule la prise en compte du nombre d’années travaillées était en mesure de réunir les conditions d’une réforme équilibrée et consentie. »

Dernière modification le jeudi, 16 mars 2023 21:54

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