Le Cuivré des Marais, papillon protégé et rare, a été découvert par les Naturalistes sur le tracé prévu pour le tronçon de RN88 contournant Le Pertuis et Saint-Hostien sur 10,6 km.

Le Cuivré des Marais est visible fin juin et début juillet (et aussi fin août/début septembre) et il ne figure pas sur la liste des espèces relevées par la société sous-traitante de la Région. C’était sans compter la vigilance et l'opiniâtreté des Naturalistes de Haute-Loire.

"Le plus grave est que leurs sites de reproduction sur des espèces végétales (la plante qui nourrit la chenille qui est principalement l’oseille crépue), ont été trouvés dans les zones humides dont l’arrêté préfectoral prévoit la destruction sur le tracé prévu pour l'éventuelle future RN88", indiquent les Naturalistes.

Le campagnol amphibie découvert en mars

Déjà en mars 2021, une espèce non recensée par les cabinets d’étude, avait été trouvée à coté de "Faussier", hameau du Pertuis : le campagnol amphibie. Cette espèce est liée aux zones humides d’altitude, très peu présente en 43.

Le samedi 19 juin, dans les prairies humides au Nord de "Ouillon", village de Saint-Hostien, là où avait eu lieu récemment le rassemblement anti-RN88, le Cuivré des marais, inconnu dans ce secteur du département, a été identifié. "C’est un papillon diurne bénéficiant d'une protection nationale. Toute destruction de l'espèce ainsi que la destruction ou l'altération de ses sites de reproduction est répréhensible", préviennent les Naturalistes qui continuent de mettre la pression contre ce projet de nouvelle RN88.

"Le grand intérêt des zones humides des sucs"

"Avec le Campagnol amphibie, voilà deux espèces exceptionnelles pour lesquelles aucune mesure compensatoire ne permettra de favoriser leur présence sur ce territoire. Les mesures compensatoires prévues ne représentent aucune garantie d'ailleurs du maintien d'individus car les conditions de reproduction sont liées à des zones humides en plein état de fonctionnement avec l'espèce végétale correspondante et pas à des surfaces reconverties issues de plantations d'épicéas par exemple. Ceci prouve le grand intérêt des zones humides des sucs, s'il fallait encore ici le démontrer. Mais aussi l’inadéquation du trajet routier retenu et malheureusement le manquement des études environnementales."

Détails sur le Cuivré des marais (Lycaena dispar)

Le Cuivré des marais est une espèce présente sur presque l'ensemble du territoire Français mais absente de région méditerranéenne, de Bretagne, de la côte de la Manche et mer du nord ainsi que des régions d'altitude. On peut le rencontrer jusqu'à 900m d'altitude mais cette limite tend à augmenter avec le réchauffement climatique.

Toutefois, sa répartition reste morcelée, dépendante de son milieu de prédilection et des noyaux dur de sa population d'où l'espèce peu coloniser de plus vastes territoires. L'espèce fréquente les bas marais, prairies humides et inondables et bords de rivières où pousse sa plante hôte (la plante qui nourrit la chenille) favorite qui est principalement l'oseille crépue (Rumex crispus).

Le Cuivré des marais effectue deux générations par an, une entre la mi-mai et début juillet, l'autre en août-septembre. Chaque génération dure entre 4 et 6 semaines et la durée de vie d'un imago dure entre 8 jours pour les mâles les moins vigoureux et 34 jours pour les femelles les plus résistantes. Les mâles sont beaucoup plus nombreux que les femelle (environs 2 à 3 mâles pour une femelle) et voyagent beaucoup, pouvant être trouvés loin des sites de reproduction. Les femelles de deuxième génération ont tendance à voyager pour coloniser de nouveaux sites. On trouve souvent les imagos en train de butiner les fleurs de chardons, menthes, salicaires, ou eupatoires.

En Auvergne, le principal noyau de population se trouve dans le val d'Allier dans le Puy-de-Dôme et l'Allier. Dans la Haute-Loire, le noyau principal se trouve aux alentours de Paulhaguet et autour de Brioude. Des sites plus ponctuels sont connus le long de la vallée de la Loire en aval de Vorey.