Lors d'une balade dimanche dernier, des traces du campagnol amphibie a été décellées sur une zone humide au Pertuis, sur l'emprise du tracé de la future RN88. Il s'agit d'une espèce protégée et menacée. De quoi nourrir l'argumentaire des opposants à la RN88 en 2x2 voies.
Elle est était partie sur les traces des pontes des grenouilles rousses à "Faussier" au Pertuis quand son oeil averti a été alerté par plusieurs indices intrigants : des joncs coupés en biseau à 10 cm du sol, des entrées de terrier de 6 cm dans un terrain marécageux et des crottes près de l'eau sous la végétation herbacée. Cette naturaliste a fait appel à d'autres experts, pointus sur le sujet, qui lui ont confirmé les traces du campagnol amphibie. "C'est le castor des marais", nous glisse-t-on. Il n'a rien à voir avec le campagnol terrestre qui pullule actuellement dans le Mézenc. "Les agriculteurs n'ont rien à craindre avec ce campagnol amphibie. Il ne vit que sur les rives des cours d'eau lents, les zones humides, les mares, étangs et lacs."
Protégé par une loi
Cette espèce, très rare en France et très peu connue en Haute-Loire, n'apparaît pas sur les données issues de l'enquête environnementale qui entoure le projet de RN88 entre Le Pertuis et Saint-Hostien. "Il est protégé par la loi depuis 2012 ainsi que son habitat. Il est interdit de le détruire", précise un mammalogiste (zoologiste et biologiste spécialiste de l'étude des mammifères).
Opposés au projet de RN88
Cette découverte peut-elle jouer dans le combat qui oppose les partisans et les opposants à ce projet de nouvelle RN88 ? Les Naturalistes, qui n'ont pas souhaité s'engager dans la bataille judiciaire et restent volontairement discrets pour ne pas subir de pressions, espèrent que les associations vont s'en saisir. "Ce projet, ce sont 140 hectares recouverts définitivement de béton et goudron. On estime que ce projet est trop coûteux et impactant pour la biodiversité pour un gain de temps de 1 à 3 minutes. 30 000 arbres ont été coupés cet hiver. On parle de mesures compensatoires mais cela mettra 20 ou 30 ans avant que les oiseaux daignent s'y implanter. Sur le tracé, on a 75 espèces protégées sur les listes rouges. On promet des compensations énormes mais impossibles, tout simplement irréalisables."