mardi, 30 janvier 2018 14:59

Forte mobilisation dans les maisons de retraite pour réclamer davantage de moyens

A Yssingeaux.|A Monistrol-sur-Loire.|Au Chambon-sur-Lignon.|||A Saint-Maurice-de-Lignon. Photo Lucien Soyere.|| A Yssingeaux.|A Monistrol-sur-Loire.|Au Chambon-sur-Lignon.|||A Saint-Maurice-de-Lignon. Photo Lucien Soyere.|| |||||||

Toutes les maisons de retraite sont concernées mardi par la grève. Dans l'Yssingelais, le syndicat CGT estime entre 70 et 80 % le pourcentage d'agents mobilisés.

Dans chaque Ehpad (Etablissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes), hormis quelques différences, le mot d'ordre est le même : manque d'effectifs, manque de moyens. Face au rendement imposé, c'est le service qui en pâtit et les résidents qui en paient les pots cassés. Le tarif, lui, ne faiblit pas : entre 50 et 70 euros la journée, comprenant l'hébergement, les soins et les repas. "On reçoit en Ehpad des personnes âgées de plus en plus grabataires", estime David Serein, secrétaire du syndicat CGT du Centre hospitalier d'Yssingeaux et des établissements publics du bassin de l'Yssingelais. "On est confrontés à la grogne des familles, et on est impuissant."

Les directions suivent le mouvement

Ce mardi, tous les agents étaient appelés à débrayer devant les Ehpad. Si tous les agents d'entretien, aide-soignantes et infirmiers n'étaient pas tous devant à tenir une pancarte et coller une étiquette "en grève" sur leurs vêtements, le mouvement semblait bien suivi : "Entre 70 et 80 %", chiffre David Serein, en citant Aurec-sur-Loire, Monistrol-sur-Loire, Bas-en-Basset, Tence, Yssingeaux, Saint-Maurice-de-Lignon, Dunières, Riotord ou encore Montfaucon-en-Velay. "Des agents sont assignés dans les services pour surveiller les pensionnaires et assurer les soins."

Ce mouvement est suivi par les directeurs d'Ehpad. "Cela traduit bien le malaise", estime le syndicaliste.

Tous les métiers sont concernés

Publics comme privés, tous les Ehpad ont vu les agents interrompre leur travail pour marquer leurs difficultés au quotidien. Au Chambon-sur-Lignon, la moitié des quarante agents des Genêts s'est retrouvée devant l'établissement. "On dispose d'une unité protégée. On est une aide-soignante pour 12 résidents, c'est insuffisant. Tous les métiers sont concernés par ces sous-effectifs", affirme Jacqueline Sanmarti, déléguée du personnel et déléguée syndicale CGT.

"J'aime mon métier mais je n'aime pas la façon dont je le fais"

A la maison de retraite de Monistrol-sur-Loire, l'Âge d'or, un tiers du personnel a suivi le mouvement. Ceux qui acceptent de s'exprimer mettent en exergue un même découragement né de l'inadéquation permanente entre les besoins et les moyens, tant humains que matériels. Estelle, aide-soignante depuis 7 ans,  résume parfaitement d'une formule le sentiment général : "J'aime mon métier mais je n'aime pas la façon dont je le fais."

Nathalie, en poste au "cantou" dédié initialement aux personnes âges non dépendantes atteintes de la maladie d'Alzheimer, se désole : "On dispose de moins en moins de temps pour les résidents qui sont devenus davantage dépendants. On a pourtant été formé pour la stimulation cognitive, mais dans les faits, on la pratique de moins en moins. Comme elle paraît loin l'époque où l'on amenait nos résidents au marché !"

"On est toujours dans le timing"

Andrée, Valérie, Gilbert... tiennent un discours similaire : "Nos métiers sont magnifiques mais on exige de nous de plus en plus. On douche les gens à la chaîne. On est toujours dans le timing. On n'a plus le temps de leur parler. Or, il faut savoir que la moitié environ de nos résidents ne recoivent aucune visite... On en arrive à ne pas engager la conversation car on sait que si l'on passe dix minutes de plus avec celui-ci, les soins aux autres s'en ressentiront."

Le financier avant l'humain

"La question financière passe toujours avant l'humain. Au moment de passer une commande, le directeur est contraint d'aller toujours vers le moins cher, que ce soit en matière d''approvisionnement pour la confection des repas (3,70 euros par jour et par résident), pour les produits d'hygiène, etc."

Et de cibler aussi les contraintes administratives à répétition, les normes à respecter, les protocoles qui pèsent sur une journée de travail, les absences non remplacées ou plutôt compensées en interne, le turn over important, la difficulté de former rapidement du personnel recruté via Pôle emploi sans formation initiale et qui change souvent... Sans oublier les travaux envisagés mais toujours reportés dans cette maison de retraite ouverte en 1989.


Un rassemblement a eu lieu dans l'après-midi au Puy-en-Velay à retrouver en images ici

Dernière modification le mardi, 30 janvier 2018 20:49

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