mardi, 28 mars 2017 12:54

Bagarre à Yssingeaux en novembre : une affaire sur fond d'alcool et d'omerta

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L’affaire de la bagarre d’Yssingeaux dans la nuit du 11 au 12 novembre 2016 est passée mardi devant le tribunal correctionnel.

Un fond d’alcool et d’omerta. Pour le président du tribunal, André-Frédéric Delay, « cette affaire est d’une violence extrême sur la voie publique au cours d’une soirée très arrosée. Cela ressemble à de l’ivrognerie généralisée. On est avec des jeunes gens qui boivent comme des trous. Et il y a un fond d’omerta. Les gendarmes ont galéré pour reconstituer le fil de l’histoire ».

Un revolver d'alarme, une batte de base-ball et deux chiens

Les faits se sont produits dans la nuit du 11 au 12 novembre dans le centre-ville d’Yssingeaux. Une première altercation s’était déroulée vers 23 heures sur la place Calade entre un groupe et Jonathan, un homme de 28 ans, très alcoolisé après avoir consommé whisky et bières chez des amis. Il aurait reçu des coups. Pas calmé, il avait appelé un ami en renfort, Rémy, venu avec son amie à vive allure depuis Polignac. Le conducteur s’était muni d’un revolver d’alarme, échangé contre une console de jeu, et une batte de base-ball. Ainsi que deux chiens dont un american staff. Au volant d’un Berlingo, il avait effrayé les piétons, en jouant avec le frein à main et arrêtant la voiture au milieu de la rue, plongée dans la nuit noire (l’éclairage public était alors éteint).

Quel rôle ont joué les chiens ?

La situation avait alors dégénéré. Il était 1 heure du matin. Le conducteur s’était fait désarmer alors qu’il avait mis en joue un jeune homme. Il avait alors reçu un coup avec la batte qu’il avait apporté, occasionnant une grave blessure à un oeil. L’enquête avait retenu par la suite qu’il y avait eu légitime défense.

Des témoins évoquent une jeune femme qui excite les chiens en leur demandant d’attaquer. « Les deux chiens étaient infiniment moins dangereux que les êtres humains. Ils étaient finalement apeurés et n’ont pas bougé », affirme le président Delay.

Le gérant d'un bar aussi poursuivi

Le patron du bar La Lupa était également poursuivi pour « soustraction d’une preuve », en l’occurrence le revolver d’alarme qu’il a ramassé dans la rue. « J’ai d’abord voulu mettre l’arme à l’abri. J’ai vu que c’était une arme factice, un gadget. Je pensais voir les gendarmes le soir même, ils sont venus cinq jours après. J’aurais dû la remettre plus tôt, je m’en suis rendu compte trop tard. J’ai quand même subi une fermeture administrative d’un mois à cause de ces messieurs. »

Le président lui répond : « Vous avez réagi comme un délinquant. Si vous aviez réagi comme tout citoyen, vous auriez remis l’arme et vous n’auriez pas eu d’ennuis. »

Les réquisitions du parquet

Dans ses réquisitions, le substitut du procureur de la République a demandé une peine financière pour le gérant du bar de 1 000 euros dont 500 euros avec sursis. Il a demandé des contraventions à l’encontre de la jeune femme, qui a exhibé les deux chiens, à hauteur de 400 euros.

Pour ce qui est de l’homme avec qui tout a commencé, Jonathan, le parquet a demandé en partie la relaxe et une peine de 6 mois dont 4 avec sursis pour violences aggravées.

Enfin, le substitut du procureur estime que le jeune homme de 23 ans, Rémy, qui est arrivé en renfort « est celui qui a commis les faits les plus graves même si c’est celui qui a eu les blessures les plus graves ». Il a demandé une peine de 15 mois dont 9 mois avec sursis et des contraventions de 250 euros. Il ne s’est pas opposé à la restitution de l’american staff, confié depuis novembre à la SPA et que son maître va voir chaque jour.

Les avocats plaident la relaxe et la réduction de peines

L’avocat du gérant de bar a plaidé une condamnation sans peine, considérant que la fermeture administrative décidée par la préfecture constituait déjà une peine financière conséquente. L’avocate de la jeune femme a estimé que les témoignages ne tiennent pas et a demandé la relaxe de tous les chefs.

Pour l’avocate du prévenu de 28 ans, Jonathan, qui ne se souvient de rien, il est autant une victime « puisqu’il a été passé à tabac » en début de soirée. Elle demande la relaxe sur certaines violences et de revoir à la baisse les dommages et intérêts réclamés.

Pour l’avocate du principal prévenu, Rémy, « c’est celui qui est le plus blessé qui se retrouve avec les réquisitions les plus hautes. La frontière entre victimes et auteurs est très ténue ». Elle a plaidé une réduction de la peine.

Le jugement a été mis en délibéré au 11 avril.

Dernière modification le mercredi, 29 mars 2017 09:47

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