lundi, 09 mai 2016 13:09

Elle va témoigner à la télévision de son accouchement périlleux

La famille vit à Saint-Agrève.|Yaelle dans les bras de sa grande soeur, Célia, 14 ans, et au côté de la maman Virginie.|| La famille vit à Saint-Agrève.|Yaelle dans les bras de sa grande soeur, Célia, 14 ans, et au côté de la maman Virginie.|| Photo La Commère 43|Photo La Commère 43||
Virginie et Brice Picot vont participer en direct à l'émission "Enquête de santé" sur France 5 le mardi 10 mai à 20 h 40. Ces parents de Saint-Agrève vont raconter la naissance de leurs jumelles, nées dans deux communes différentes en février sur la route menant à la maternité d'Annonay.

On se souvient généralement toujours de la naissance de ses enfants. Pourtant, Virginie et Brice Picot de Saint-Agrève se souviendront plus particulièrement de celle de leurs jumelles, leur quatrième et cinquième fille, nées dans des conditions périlleuses, le 1er février.

Lorsque Virginie, bien aguerrie aux aléas liés à une grossesse, maman de trois enfants, et qui plus est, aide-soignante de métier, avec une expérience à la maternité de Moze (fermée en 2008), à l'hôpital de Saint-Agrève, a appris qu'elle attendait des jumeaux, elle s'est organisée. "J'ai pris contact avec Christine Gambina, sage-femme au Chambon-sur-Lignon et pompier. Je pensais que ce serait la meilleure des choses que ce soit cette personne qui puisse m'accompagner si je devais être transportée en urgence par l'ambulance des pompiers à l'hôpital Nord de Saint-Etienne où j'étais suivie pour cette grossesse gémellaire."

L'accouchement ne se passe pas comme prévu

Mais les choses ne sont pas passées comme prévu. Lorsque la jeune femme, le 1er février, dans la nuit, à 3h45, perd les eaux, et sent les contractions se rapprocher à grande vitesse, elle sait qu'il faut faire vite. "J'avais l'expérience d'un premier accouchement extrêmement rapide. Il faut compter 1h30 pour aller à Saint-Etienne en sachant qu'on avait de la chance, pour un 1er février sur le Plateau, il faisait 6° C à 4 heures du matin et il n'y avait pas de neige." Lorsque Brice appelle le 15 et explique la situation au régulateur du SAMU, celui-ci ne veut rien entendre. Il signifie que ce sera un ambulancier privé qui va être dépêché au domicile des Picot pour prendre en charge Virginie. 

L'ambulancier, un voisin, est là en cinq minutes. Virginie explique que vu la fréquence des contractions (tous les quarts d'heure), il paraît peu prudent de faire le trajet en ambulance et le recours à un hélicoptère serait plus judicieux. "En hélico, on est à un quart d'heure de l'hôpital Nord." Rien n'y fait. Le régulateur, dont on imagine qu'il ne connait pas vraiment la topographie de ce territoire de montagne, choisit de faire transporter Virginie en ambulance privée jusqu'à l'hôpital d'Annonay, structure hospitalière dont elle dépend. Un médecin du SMUR, dans un véhicule rapide, est envoyé à la rencontre de l'ambulance. La jonction se fera à Saint-Bonnet-le-Froid.


La maman victime d'une hémorragie dans l'ambulance

En voyant arriver un médecin et un infirmier, Virginie se sent un peu rassurée, se détend... et accouche de Daenerys, entre Saint-Julien-Vocance et Vocance. "On s'est juste arrêté pour couper le cordon."  Virginie fait une hémorragie. C'est la panique. L'ambulance poursuit sa route aussi vite que les lacets de la route le permettent jusqu'à Annonay. La petite Yaelle patientera un peu et verra le jour dans la salle d'accouchement de la maternité d'Annonay. Mais Daenerys a souffert du froid dans l'ambulance. Elle arrive à l'hôpital avec une température de 34° C. Elle sera prise en charge durant quatre jours dans le service de péri-natalité.

Aujourd'hui, tout le monde se porte comme un charme et les jumelles Daenerys et Yaelle sont chouchoutées par les grandes soeurs Célia 14 ans, Sibylle 9 ans et Arwen 5 ans.

Pourtant, on a frôlé le drame. Et bien des questions restent en suspens. C'est pourquoi les Picot ont accepté de témoigner mardi, en direct, sur France 5 à l'émission Enquête de santé sur le thème "Avenir des maternités et hôpitaux de proximité", animée par Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes.


Un focus sur l'association de défense de l'hôpital de Moze

Ce témoignage met aussi en lumière l'association de défense de l'hôpital de Moze, présidée par Pierre Bal : "On n'a plus de maternité depuis 2008 à Saint-Agrève et la chirurgie est partie en 2004. On dispose d'un centre péri-natal, mais ce n'est pas une maternité. On défend l'accès au soin qui corresponde aux besoins de la population. Le déficit de l'hôpital est toujours là. L'Agence régionale de santé impose le retour à l'équilibre budgétaire mais c'est elle qui nous met en difficulté en ne finançant plus. L'hôpital de Moze est condamné à finir en Ehpad et service gériatrique si on ne fait rien. On est face à une santé à deux vitesses."
Dernière modification le jeudi, 12 mai 2016 08:41

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