dimanche, 28 mai 2017 10:58

Le devoir de mémoire de Daniel Milgram passe par le théâtre

Daniel Milgram.|Le chandelier à 7 branches plante le décor.|A l'heure des dédicaces, Daniel Milgram échange avec les spectateurs.||Daniel Milgram très attentif à l'heure de la rencontre avec le public.||||On peut se procurer le texte de la pièce " Dieu, Brando et moi".||||||| Daniel Milgram.|Le chandelier à 7 branches plante le décor.|A l'heure des dédicaces, Daniel Milgram échange avec les spectateurs.||Daniel Milgram très attentif à l'heure de la rencontre avec le public.||||On peut se procurer le texte de la pièce " Dieu, Brando et moi".||||||| Photo La Commère 43|Photo La Commère 43|Photo La Commère 43||Photo La Commère 43|Photo La Commère 43|Photo La Commère 43||Photo La Commère 43|Photo La Commère 43|Photo La Commère 43|Photo La Commère 43|Photo La Commère 43|||

La pièce de Gilles Tourman "Dieu, Brando et moi (hein, papa!)" a été donnée samedi soir au Chambon-sur-Lignon devant une salle comble, mêlant la population du Plateau à la famille de Daniel Milgram, le comédien seul en scène, dans un tête-à-tête fictif avec son père et surtout avec lui-même.

Cette pièce, c'est la manière somme toute logique pour le comédien Daniel Milgram de pratiquer son devoir de mémoire, avec une reconnaissance toute spéciale à l'égard du Chambon-sur-Lignon, ce "village gaulois et protestant du Vivarais" qui l'a caché, enfant, ainsi qu'une partie de sa famille.

Une quête exaspérée et touchante

"Dieu, Brando et moi (hein, papa!)" se présente comme un dialogue entre un père mort et son fils sans qu'un échange approfondi ait vraiment eu lieu entre eux. Ce sentiment d'inachevé rageant libère l'audace du rejeton de 75 ans, l'autorisant enfin à questionner, exprimer, s'exaspérer, s'attendrir aussi au fil d'un tête-tête fictif bien troussé.

En toile de fond prégnante, la religion juive, ou plutôt le bain culturel juif. "Quand on est juif, on n’a pas le choix, on le reste. Mais je suis quand même athée et je ne crois plus en Dieu après Auschwitz", confie Daniel Milgram.

Un exercice introspectif sensible

Cet exercice autobiographique et introspectif de Daniel Milgram est le terreau de la pièce "Dieu, Brando et moi" dont l'auteur est Gilles Tourman, bénéficiant d'une mise en scène de Maurice Zaoui.

La trame renvoie à un questionnement identitaire douloureux que Daniel Milgram émaille de traits d'humour, de cet humour juif si particulier auquel il faut un temps de chauffe à l'auditoire pour en goûter tout le sel.

Dans ce panthéon, Daniel Milgram convoque régulièrement son acteur fétiche, à la base même de sa vocation de comédien, Marlon Brando.

Des liens forts avec le territoire

Inséré dans le récit, on retrouve à une place centrale le retour sur son passé d’enfant juif caché au Chambon-sur-Lignon pendant la seconde guerre mondiale. Et cet indicible sentiment d'abandon né de cette incompréhension première du toute jeune enfant, confié à des étrangers par ses parents dans l'objectif de le protéger des nazis et collaborateurs zélés.

Car, en 1943, Daniel Milgram avait 8 mois lorsqu'il a été pris en charge par une famille de La Batie de Cheyne. Il a été caché pendant trois ans ainsi que son frère, son oncle et sa tante. Régulièrement, Daniel Milgram rend visite aux descendants des familles Ollivier et Kittler. Ainsi il ne manque pas d'aller saluer Mylène Kittler, la petite-fille de ceux qui l'ont caché, qui tient le bar-restaurant Le Blue Gin au Mazet-Saint-Voy.

Une invitation à Emmanuel Macron

Daniel Milgram se verrait bien suggérer au nouveau président de la République Emmanuel Macron de faire une petite visite au Chambon-sur-Lignon, un peu comme l'avait fait le 8 juillet 2004 Jacques Chirac, avec une touche de jeunesse en plus. "Si j'ai un moyen de lui souffler l'idée, je le ferais. Le message est toujours d'actualité. Plus que jamais, il faut être prêt à accueillir les réfugiés. Aujourd'hui, grâce au courage désintéressé des familles qui nous ont caché, 47 personnes de notre lignée vivent. Ce qu'elles ont fait alors, c'était l'honneur de la France."


La pièce "Dieu, Brando et moi (hein, papa!)" par la Compagnie Sur les quais sera donnée au festival d'Avignon cet été.

Dernière modification le dimanche, 28 mai 2017 12:41

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